Promenade sous les sakuras en fleurs

A la fin de mon séjour sur Shikoku, et juste avant de me rendre à Osaka, j’ai fait une halte de quatre jours à Okayama où des amis de ma professeure de japonais m’ont hébergé. J’ai donc pas mal de choses à raconter sur ce court mais intense séjour chez l’habitant.

Balade en solo à Kurashiki Bikanchiku – 倉敷

Lorsque j’ai expliqué à Aoki-san de Genryu No Sato que je souhaitais me rendre à Okayama, il m’a instantanément parlé de Bikanchiku, quartier historique de Kurashiki, très prisé des touristes à un quart d’heure de train depuis la station d’Okayama.

Dans les petites rues traditionnelles on croise donc beaucoup de touristes mais aussi des couples venus spécialement pour réaliser des photos de mariage. Ces derniers sont suivis par une batterie de photographes qui les fait poser dans divers lieux emblématiques, habillés en costumes traditionnels japonais.

Cet aspect pourrait rendre le quartier moins authentique qu’il n’y paraît mais en cherchant un peu, on trouve toujours quelques rues ou temples typiques qui ne font pas partie de l’itinéraire tout tracé par les agences de photos de mariage.

Comme j’étais là bas durant la période de floraison des sakuras, les spots photogéniques ne manquaient pas. A cette période, les Japonais adorent prendre leur temps et pique-niquer sous les cerisiers qui ne fleurissent qu’une petite dizaine de jours par an, annonçant le début du printemps.

J’ai terminé ma balade par le superbe temple Kanryuji (観龍寺) où de nombreuses personnes venaient se recueillir et prier, profitant du soleil de cette belle journée d’avril. Comme d’habitude, les touristes se concentrent sur les attractions principales de la ville, à savoir le canal et parfois les parcs, mais le reste de la ville est très calme. Ce temple ne fait pas exception et terminer la journée dans ce lieu spirituel m’a fait le plus grand bien.


Hanami : cerisiers en fleurs et pique-nique

A propos de sakuras, pique-niquer sous les cerisiers en fleurs a un nom : hanami (花見), ou « regarder les fleurs ». Durant mon séjour à Okayama, je suis donc resté chez les Kubo, des amis de ma professeure de japonais qui m’ont très gentiment offert le gîte et le couvert. J’ai eu la chance de pouvoir aider Junko à la préparation des bento (弁当 – boîtes repas traditionnelles) pour l’occasion.

Nous nous sommes ensuite rendus dans le parc Kōraku-en, situé le long de la rivière Asahi, où un large parterre de sakuras en fleurs nous attendait. C’est mon cinquième voyage au Japon mais c’est la première fois que je pouvais célébrer le hanami, aussi, le partager en si bonne compagnie et dans un tel parc était un vrai plaisir. Merci encore à Junko et Kiwame pour ce précieux moment !

Le parc est plutôt grand et abrite le château d’Okayama, célèbre pour sa couleur : noire. Il est ainsi connu sous le nom de U-jō (烏城) ou Château du Corbeau. Il contraste drastiquement avec celui d’Himeji, plus célèbre encore à cause de son blanc immaculé. Etant donné le faible nombre de châteaux de couleur sombre au Japon, j’avoue avoir un faible pour celui d’Okayama qui possède une prestance unique.


Kiwame Kubo

Je n’en ai pas encore parlé, mais Kiwame est un sculpteur de pierre. Il exprime son art géométrique et précis en sculptant des blocs de granit et sans jamais assembler quoi que ce soit : chaque oeuvre est issue d’un seul et unique bloc de pierre. Ce savoir-faire est unique au Japon.

Kiwame dans sa tenue de travail

Il m’a été difficile de rendre compte de la beauté de ses oeuvre en photo car elles prennent toute leur dimension lorsqu’on peut les manipuler ou tourner autour. Toute la difficulté lors de la réalisation de telles œuvres, outre la précision requise, réside dans la manière de creuser profondément dans la pierre, à des endroits difficiles d’accès et invisibles sous certains angles. Le résultat est une oeuvre pleine de contraste et d’ombres qui évolue au long de la journée en fonction de la lumière du soleil.

J’ai eu la chance de pouvoir visiter son atelier, situé dans la montagne au nord d’Okayama, au calme de la ville. Là-bas, Kiwame s’est installé au sein d’une carrière de pierres où il peut directement trouver la matière première nécessaire à son art. Le décor m’a rappelé le sud de la France, vers Aix-en-Provence. Cet endroit est ressourçant et je comprends pourquoi Kiwame préfère travailler directement ici plutôt que dans un petit atelier en ville. Nous avons profité du beau temps pour explorer la lande juste derrière son atelier, un endroit calme et inspirant.

Kiwame m’a montré les dessins préparatoires qu’il réalise sur papier millimétré avant de s’armer de sa massette puis de son burin pneumatique. Même si on constate que tout est calculé à l’avance, la précision nécessaire lors de la taille de la pierre pour obtenir un résultat aussi parfait m’a impressionné. Tout semble être une question d’équilibre entre force et maîtrise de soi, sans oublier la patience, certaines réalisations pouvant prendre plusieurs semaines.

Si les œuvres de Kiwame Kubo vous intéressent, n’hésitez pas à suivre le compte Instagram ainsi que le site internet que Junko a créés pour lui, et à les contacter si vous souhaitez faire l’acquisition de l’une d’entre-elles !


Pingu

Pour finir, un petit clin d’œil à Junko qui est une grande fan d’un de mes héros d’enfance : Pingu ! Leur maison regorge de petits pingouins cachés un peu partout… Que serait le Japon sans une touche de kawaii ?

Encore un immense merci à Junko et Kiwame qui m’ont accueilli comme un membre de leur famille durant ces quelques jours. Nous avons parlé musique, art, mangé des sushis préparés par nous-mêmes, j’ai appris à faire mon propre savon et à améliorer ma recette pour les nouilles ramen… Ce court passage par Okayama restera gravé en moi pour toujours grâce à ce couple qui ont un sens de l’accueil hors du commun. J’espère les recroiser un de ces jours !